De plus en plus de lecteurs de musique et d’autres appareils qui lisent de la musique via Bluetooth utilisent la norme apt-x. Mais qu’est-ce que cela signifie ? Et pourquoi l’utilise-t-on ?

Les passionnés d’audio l’auront peut-être déjà remarqué ces derniers mois : de plus en plus de fabricants équipent leurs lecteurs de musique du Bluetooth qui soutient la norme apt-x. Cambridge Audio,Loewe, Samsung et Philips sont quelques-unes des marques qui ont récemment lancé des appareils utilisant le codec. On ne sait par contre pas toujours clairement pourquoi les marques font ce choix, ni ce qu’il représente pour le consommateur.

Pour comprendre ce qu’est l’apt-x, nous devons d’abord nous pencher sur le Bluetooth. Le Bluetooth est généralement considéré comme un « ensemble » : une manière d’envoyer des fichiers (musique, photos, etc.) sans fil d’un appareil à un autre. Cela n’est pas tout à fait juste. Le Bluetooth est en fait rien de plus qu’une sorte de liaison invisible, qui est « creuse ». La matière est donc un peu plus compliquée qu’elle n’en a l’air.

Pour pouvoir utiliser cette liaison, on a besoin d’un « profile », qui explique comment vous pouvez par exemple lire de la musique. Le « profile » le plus utilisé est l’Advanced Audio Distribution Profile, ou A2DP. Ce système a cependant été développé pour envoyer des informations audio dans deux directions. Pensez par exemple aux casques sans fil, qui vous permettent de mener des conversations téléphoniques en voiture. Il semble que ce soit une fonction limitée, mais le système a toujours été développé en vue d’une utilisation future plus approfondie. L’A2DP a en fait toujours été prévu pour envoyer du son en qualité stéréo.

Choix du codec

Le codec utilisé est au moins tout aussi important que le « profile ». Un codec est, en deux mots, un programme qui peut convertir une certaine compression sonore et un format de codage depuis et vers un son numérique standard qui peut être lu sur un ordinateur, par exemple. Quelques formats de codage connus sont les MP3, WMA, FLAC, WMV, MPEG, DivX, etc. Malheureusement, un seul codec est exigé pour satisfaire à la norme A2DP : le codec SBC. Celui-ci est cependant inefficace, ce qui réduit la qualité du signal musical envoyé. Si vous envoyez une piste via votre smartphone ou votre tablette vers un haut-parleur sans fil, il y a fort à parier que vous le faites via ce codec SBC, ce qui implique une perte de la qualité sonore, sans que vous vous en rendiez compte.

Ce risque est grand, mais ce n’est pas sûr à 100%. Les fabricants peuvent notamment soutenir d’autres codecs, comme AAC ou MP3, mais ce n’est pas souvent le cas. Le SBC dispose aussi d’un meilleur mode qui propose une meilleure qualité, mais qui n’est pas toujours soutenu par les fabricants de smartphones ou de tablettes.

Apple a donc invariablement opté pour une lecture de moindre qualité sur ses ordinateurs portables en utilisant le SBC. Selon le fabricant et les codecs utilisés, un appareil offrira donc un bon son via le Bluetooth, et l’autre non.

Lossy vs. lossless

L’autre inconvénient du SBC est qu’il s’agit d’une technologie « lossy ». Cela signifie que lors de la compression, certaines informations de la piste sont perdues, ce qui réduit encore la qualité. Les experts ont estimé que le SBC avait besoin d’un bitrate (le nombre de bits envoyés par unité temporelle sur une ligne) trois fois supérieur à celui du MP3 pour obtenir le même résultat.

Or, puisque le SBC propose un bitrate maximal de 512 kb/s, cela peut poser problème. A titre de comparaison, le SBC permet d’obtenir au maximum la même qualité sonore qu’un fichier MP3 avec un bitrate de 160-170 kb/s.

Si vous utilisez l’A2DP pour lire des fichiers MP3, vous perdrez deux fois la qualité. Vous utiliserez en effet d’abord un codec audio lossy (MP3) et vous perdrez donc des éléments d’information sonores, puis vous procéderez une seconde fois à la compression via le SBC. Certains sons ne seront donc pas aussi bien transmis lorsque vous les écouterez sur votre haut-parleur.

Apt-x

En remplaçant le SBC, vous pouvez donc obtenir de bien meilleurs résultats. L’entreprise CSR, qui détient la norme apt-x, veut d’ores et déjà présenter sa méthode comme l’alternative idéale. L’apt-x existe en variante lossy et lossless.

La première présente comme avantage par rapport au SBC qu’elle n’utilise pas « d’algorithmes psycho-acoustiques ». Par conséquent, aucune fréquence inaudible ne disparaît, ce qui doit garantir une bien meilleure qualité qu’avec le SBC. La variante lossless ne perd rien de la qualité originale.

Autre avantage de l’apt-x : sa latence limitée (le « retard » de la transmission sonore), ce qui est très pratique lors de l’utilisation de plusieurs haut-parleurs. L’apt-x est en outre compatible avec le son haute définition et il peut envoyer du son multicanaux.

L’unique problème de l’apt-x est qu’il est soumis à des licences technologiques, de sorte que les fabricants doivent payer pour pouvoir utiliser la technique.

La percée

Nous avons finalement observé cette année la percée définitive de l’apt-x. De plus en plus de fabricants comprennent l’intérêt d’un streaming Bluetooth de qualité, surtout vu le succès de ces appareils d’une part, mais aussi des smartphones et des tablettes d’autre part. Suite à la poursuite du développement de la technologie AirPlay d’Apple, de plus en plus de fabricants veulent proposer une réponse adaptée, ce qui accélère encore l’intégration de l’apt-x.

Aussi bien l’émetteur que le récepteur doivent bien évidemment soutenir l’apt-x. Outre les marques susmentionnées (les récepteurs), HTC, Nokia et Samsung ont lancé des smartphones (émetteurs) soutenant la norme apt-x. C’est par exemple le cas des modèles Galaxy S4 et Lumia 920.

Il semblerait donc que nous pourrons bientôt écouter nos pistes préférées avec un son d’une optimale.

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